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Libération

Ainsi parlait Stevenson.

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publié le 29 mars 2001 à 0h15

L'Etrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde est un texte stupéfiant à plus d'un titre. D'abord, on croit que cette histoire devenue mythique remonte à des siècles, comme celle de Faust ou d'OEdipe, qu'elle fait partie depuis toujours du patrimoine de l'humanité, alors qu'elle est assez récente puisque la nouvelle parut en 1886. D'autre part, Stevenson ayant la réputation d'auteur pour adolescents (et c'est vrai que les adolescents aussi ont d'excellentes raisons d'adorer l'Ile au trésor, les Nouvelles Mille et Une Nuits et le Prince Othon qu'on retrouve dans ce premier volume ­ il y en aura trois ­ de ses OEuvres en Pléiade), le fait que le même écrivain soit responsable de textes perçus comme tellement différents provoque un drôle d'effet, comme si Goethe avait écrit à la fois Faust et le Club des Cinq ou Sophocle OEdipe roi et Boeing-Boeing. Cette apparente étrangeté sied bien à cet Etrange Cas.

Stevenson composa en décembre 1885 (il a 35 ans et neuf ans à vivre) une première version que sa femme Fanny détruisit. «Il a écrit quasiment tout un livre d'une stupidité absolue. Heureusement il l'a oublié maintenant, et je vais le brûler dès que je vous l'aurais montré. Lui le tient pour sa plus grande oeuvre», écrit-elle à William Henley dans une lettre découverte cet automne. Stevenson réécrit en trois jours le texte qui, immédiatement, devient un immense succès. Le livre paraît la même année que Par-delà le bien et le mal de Nietzsche et tout, de son sujet jusqu'aux circonst