Maître d'école parmi les «cannibales» (cette mouvance de jeunes écrivains italiens voulant dévorer les littérateurs établis qui semblent, au contraire, les avoir digérés sans peine, en moins d'un lustre), Niccolò Ammaniti ne revendique désormais que le simple statut de conteur. De cette aptitude à raconter des histoires, il ne cesse de donner des preuves surprenantes depuis Branchies (Félin, 1 999), le Dernier Réveillon (Hachette littérature, 1 998) et, aujourd'hui, Et je t'emmène, chez Grasset. Dans un microcosme indifférent et oppressant à la fois, un garçon de 12 ans, gentil et rêveur, doit traverser le mur des pires atrocités pour espérer s'en sortir. Par son ampleur (presque cinq cents pages), les deux récits principaux qui viennent constituer comme un double roman et la foule de personnages mineurs (un village entier qui peine et s'agite dans une recherche sourde du bonheur, entre rires et larmes) la dernière entreprise du jeune auteur italien (il n'a que 35 ans) marque un aboutissement.
Au moment de la sortie en France du Dernier Réveillon, vous partiez dans un village écossais pour terminer Et je t'emmène qui se passe aussi dans un bled paumé. Pourquoi cette prédilection pour les micro milieux, les petits mondes?
J'ai un problème surtout au démarrage, si je reste à Rome où je vis d'habitude. Dans un endroit différent, mon monde finit par se réduire à l'ordinateur, et en général ça marche. Le roman était presque fini mais j'ai changé beaucoup des choses. J'aime délimite