«L'heure est venue de démythifier toute une époque et de bâtir un nouveau mythe depuis le ruisseau jusqu'aux étoiles. [...]». Il y a cinq ans, en ouverture d'American Tabloïd, James Ellroy lançait avec des accents de prédicateur démoniaque le dynamitage de «l'Amérique innocente» des années 60. C'était le début d'Underwold USA, une trilogie qui doit s'étendre jusqu'en 1972 (le Watergate) et dans ces sept cent cinquante pages qui couvraient la période fin novembre 58-22 novembre 1963, de la campagne présidentielle à l'assassinat de John Kennedy, l'auteur du somptueux Quatuor de Los Angeles taillait au trente-troisième président des Etats-Unis un costume d'obsédé sexuel dans un système gangrené par la corruption et la paranoïa.
Du 22 novembre 1963 au 9 juin 1968, soit cinq jours après le meurtre de «Petit frère» Bobby Kennedy, American Death Trip reprend le canevas d'American Tabloïd: à partir d'un va-et-vient entre trois hommes de l'ombre, Ward Littell, ex-agent trouble du FBI devenu avocat, Pete Bondurant, ex-homme de main du milliardaire Howard Hughes recyclé en brute à tout faire, et Wayne Tedrow Junior, flic «progressiste» fils d'un grand activiste du Ku-Klux-Klan, c'est toute une société qui est de nouveau concassée entre réalité et fiction, ses rêves de midinette passés à la moulinette d'un théâtre de marionnettes sanglant et nauséabond. Mais cette fois, les têtes d'affiche sont reléguées au second plan: JFK «Camelot» alias «Six minutes» (la durée moyenne de ses innombr