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Libération
Interview

François Vergne et l'inventeur de formes.

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publié le 29 mars 2001 à 0h15

Quand Claude Simon intervient-il dans votre vie? J'ai découvert Claude Simon en 1985, j'avais une vingtaine d'années, au moment où on lui a attribué le prix Nobel et évidemment j'ai lu la Route des Flandres. J'ai beaucoup aimé l'univers romanesque mis en place, j'ai beaucoup aimé la figure de Reixach, qui brandit son sabre dérisoirement, beaucoup aimé la description des sensations confuses de celui qui doit fuir devant le désordre de la guerre, cela a été une adhésion à la fois aux thèmes, aux personnages, et aussi une fascination devant la travail de la forme. On sent bien qu'on sort du récit traditionnel, et selon des modalités qui ne sont pas celles par exemple que Robbe-Grillet met en oeuvre dans ses textes à lui. Dans la Route des Flandres, on a déjà affaire au grand procédé de Simon qu'il va développer je trouve de manière encore plus efficace plus tard: les scènes fragmentées, les différents morceaux de séquence narrative recollés selon le principe de l'analogie.

Par quel roman conseilleriez-vous de commencer?

Peut-être l'Herbe, c'est le premier de ses romans qui inaugure un travail sur la forme vraiment différent, et en même temps ce travail n'est pas encore aussi poussé qu'il le sera dans la Route des Flandres. Du coup, on a une sorte de moyen terme qui permet d'y rentrer assez facilement. Il y a des personnages plus reconnaissables, qui correspondent à un certain romanesque, et ce romanesque-là va disparaître au fur et à mesure de l'oeuvre, on le retrouve très fort