«Toute bonne histoire, écrit Henry James, est bien entendu à la fois une image et une idée, et plus elles s'interpénètrent, mieux le problème est résolu.» Pourquoi ne pas arrêter là? Cette sentence de l'auteur de l'Image dans le tapis permet de comprendre le succès qu'eut dans le monde hispanique, voilà deux ans, le sixième roman aujourd'hui traduit du jeune écrivain mexicain Jorge Volpi: A la recherche de Klingsor.
L'image est cinématographique: un jeune physicien et militaire américain arrive en 1946 à Nuremberg, le jour de l'exécution des grands criminels nazis. L'Allemagne est en ruines, le jeune homme aussi: un scandale amoureux l'a forcé d'interrompre sa carrière pour s'engager dans l'armée. A Nuremberg, nul ne l'attend pour mener son improbable investigation dans les milieux scientifiques allemands. Il doit identifier pour les services secrets américains, l'OSS, le fantôme qui, sous le nom de Klingsor, aurait été le conseiller scientifique d'Hitler: son grand décideur atomique.
L'idée est pessimiste et ludique: toute enquête est condamnée au principe d'incertitude. Ce principe a été inventé par un physicien allemand à propos du mouvement des particules élémentaires. On ne peut à la fois définir leur vitesse et leur place à un moment donné, car les conditions de l'expérience et le hasard modifient leurs parcours. Le livre de Volpi a un point commun avec les Particules élémentaires de Houellebecq: la volonté de croiser les lois de la psychologie et de la science pour