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Libération
Critique

Quai des brunes

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Amour et lignes de fuite pour trois rêveurs souterrains. Direction «Nation par Barbès».
publié le 5 avril 2001 à 0h24

Pour qui ne serait pas spécialiste de sociologie métropolitaine, il est utile de préciser que la ligne 2 du métro parisien, Nation par Barbès, qui donne son nom au nouveau roman de Cécile Wajsbrot, est une ligne atypique. Elle traverse Paris d'est en ouest, et de classe en classe, passant des quartiers les plus populaires (Belleville, Barbès) aux parcs et avenues les plus rupins (Monceau). Le métro (ses joies, ses hasards et ses grèves) étant un des personnages principaux de Nation par Barbès, et une des passions de Jason, le héros du livre, amoureux de Léna, on apprend un certain nombre de choses sur le réseau RATP. Entre autres que la Ville de Paris, lors des pourparlers précédant la construction des premières lignes, s'opposa vivement à la fusion train-métro, pour éviter de voir déferler les hordes de banlieusards au centre de la capitale. Nation par Barbès n'est pas un livre d'histoire, ni un récit politique, ni un essai militant, mais c'est un roman qui a l'ambition de ne pas se replier sur les sentiments, qui voudrait aussi montrer le monde, les revendeurs à la sauvette et les bourgeois parisiens. «On est là, dit Léna, et elle pensait à la situation générale, à Paris, en France, à une pollution qui n'était pas seulement celle de l'ozone et des gaz d'échappement mais aussi celle des pensées qui s'exprimaient dans la rue, les cafés, les bureaux, et des pensées qui ne s'exprimaient pas mais qui suivaient leur cours comme un fleuve souterrain qui soudain voit le jour et re