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Libération
Critique

Capturez les pluriels.

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Un stage de formation continue où les mots perdent la tête.
par Cécile MOSCOVITZ
publié le 12 avril 2001 à 0h28

Au premier jour, la conférencière avoue: «C'est la première fois que je commence à expliquer quelque chose sans pouvoir émettre d'autres sons que des grognements. [...] Je suis une fille mais mon volume est trop bas, c'est un souci.» Oui, c'est un problème pour tenir une conférence durant vingt-trois jours, soit 23 séances de ce qui ressemble à un stage de formation continue. A moins qu'il s'agisse d'un stage de survie pour cadres en mal de promotion sociale?

Le souci, c'est aussi que la conférencière dit n'importe quoi. N'importe quoi? Jour 4: «Programme: raconter la congélation des mondes, raconter la capture des pluriels et le bricolage de l'intime et passer les diapos des nus s'élançant sur leurs lianes entre les immeubles.» Ou peut-être s'agit-il d'un ironique atelier d'écriture, d'une dramatisation du travail des mots? Nous, lecteurs, sommes les stagiaires faisant l'expérience réelle de l'écart et de la confusion entre le premier et le second degré, entre le symbolique et le référent. «Les mots butent sur la matière vivante. Alors comment faire?» Et qui, de la narratrice ou du lecteur, est alors le plus loin du sens?

L'auteur, après Congélations et décongélations, poursuit sur sa voie d'artiste. Elle l'est quand elle écrit: elle installe la narration, elle raconte l'installation. Le souci, c'est-à-dire tout l'intérêt, c'est que l'on a affaire à une forme et à un discours littéraires tout à fait nouveaux, qui approchent l'écriture avec la mystique, la création avec la Bib