Menu
Libération
Interview

Jennifer Johnston «Je serais dans l'armée des femmes».

Article réservé aux abonnés
Les héroïnes de Jennifer Johnston courent après la liberté. Et elle? Brève rencontre à Dublin.
publié le 12 avril 2001 à 0h28

A 70 ans, Jennifer Johnston vient de publier The gingerbread woman, dont la traduction française est prévue pour mai. L'histoire d'une femme qui affronte des drames en série. La Femme qui court, réédité par le Serpent à Plumes, raconte comment la rêveuse Laura replonge dans un passé tragique tout en débroussaillant une gloriette enfouie sous les ronces. Rencontre avec une figure de la littérature irlandaise contemporaine, à l'occasion du festival Etonnants Voyageurs qui s'est transporté à Dublin le week-end dernier.

Vous avez publié votre premier livre à 40 ans.

J'ai commencé à écrire en 1965. Je vivais à Londres depuis 1953, j'avais 35 ans et trois enfants. J'avais besoin d'exister. La seule voie qui me paraissait possible était l'écriture. J'ai rempli pas mal de corbeilles avant d'achever mon premier livre. C'est mon deuxième roman (Princes et capitaines, 1972) qui a été publié. Une libération. Avant, je n'étais rien ni personne, à part la soeur de quelqu'un, la femme de quelqu'un et la mère de quelqu'un. J'étais comme emprisonnée intérieurement. J'ai alors réalisé que j'étais une personne réelle. Cette révélation a créé aussi des tas de complications. Entre autres, la fin de mon mariage.

Est-ce la réussite de vos parents qui vous oppressait?

C'étaient deux forces de la nature. Ma mère, Sheelagh Richards, excellente actrice, la préférée de Yeats, jouait à l'Abbey Theatre, notamment des pièces de Sean O'Casey. C'était une femme de tête. Ce qui n'était pas forcément bien accepté dans les années 20 à Dublin. Mon père, Denis Johnston, était correspondant de guerre pour la BBC. I