Le nouveau livre de Philippe Sollers est préfacé depuis Londres, 2001. Ce n'est pas un hasard: Fregoli fait de la résistance. Depuis la capitale britannique, il réunit les appels du 18 juin qu'il a lancés dans la presse ces dernières années, sous forme d'article ou d'entretien. Le premier tome, publié en 1994 et disponible en Folio, s'appelait la Guerre du goût. Le second, Eloge de l'infini, fait aujourd'hui écho à Défense de l'infini, le grand oeuvre inachevé et en partie détruit par le jeune Aragon, auquel Sollers consacre d'ailleurs deux textes. Le sens du combat est clair: guerre au dortoir social et «aux convenances nées du refoulement permanent». Eloge de l'artiste solitaire, monstre sensible plongé dans l'infiniment réel, contre toutes les tentatives sociobiologiques, romantiques, techniques, spectaculaires et financières de manipuler et d'anesthésier les individus. Ce programme ambitieux et un brin paranoïaque a été condensé par le génie d'Antonin Artaud, l'une des ombres de Sollers, dans Van Gogh ou le suicidé de la Société (1), lorsqu'il dénonce «le crime de la société». Chacun jugera, selon ce qu'il pense du personnage et de l'auteur, si Sollers, cet hologramme littéraire et médiatique, est crédible dans la poursuite du combat éprouvé corps et âme par le poète interné.
Sollers écrit sur Diana, Mai 68, l'affaire Lewinsky, son fameux «axe Vichy-Moscou». Mais, pour mener son combat, le vieux gymnaste fait avant tout ses exercices physiques d'admiration. Les meilleurs