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Libération
Critique

Eloge de la dissidence.

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publié le 19 avril 2001 à 0h31

«Nous ne sommes pas réunis pour sacrifier au commentaire, à la commémoration ou à la célébration. Il s'agit d'essayer de savoir ce que nous pouvons faire avec Foucault, ce que nous pouvons faire de Foucault aujourd'hui», écrit Pierre Bourdieu à la fin de l'Infréquentable Michel Foucault, composé de textes issus d'un colloque qui se tint au Centre Pompidou en juin 2000.

Le propos essentiel du recueil est d'analyser les conditions qui maintiendraient vive et efficace l'attitude critique et la subversion qu'incarnait emblématiquement Foucault. Comme l'a écrit Richard Rorty, que cite ici Jacques Bouveresse, Foucault «a mis en lumière une nouvelle série de dangers pour les démocraties libérales», qui, dans la phase actuelle de «consensus démocratique et d'euphorie libérale», ont tendance à ne plus être perçus, ce qui «rend le modèle du philosophe dissident» (et donc Foucault lui-même) «plus ou moins désuet et archaïque». Aussi, contre tous les dénigrements ou les dénonciations de l'«héritage de 68» auquel on le mêle, et précisément parce que «ce qui semble l'avoir éloigné de nous est aussi ce qui le rend d'autant plus nécessaire» (Bouveresse), s'agit-il d'attester l'actualité de sa pensée dans le champ tant théorique que politique ou sexuel.

Dans une Introduction polémique, portée par une fougueuse agressivité ­ où le Figaro Magazine et Libération, Alain Finkielkraut et François Ewald, entre autres, sont passés à la même moulinette ­, Didier Eribon synthétise cette orientation en u