«Si l'on définit la spiritualité comme étant la forme de pratiques qui postulent que, tel qu'il est, le sujet n'est pas capable de vérité mais que, telle qu'elle est, la vérité est capable de transfigurer et de sauver le sujet, nous dirons que l'âge moderne des rapports entre sujet et vérité commence le jour où nous postulons que, tel qu'il est, le sujet est capable de vérité mais que, telle qu'elle est, la vérité n'est pas capable de sauver le sujet. Eh bien, si vous voulez, un peu de repos. Cinq minutes, et puis on recommence tout à l'heure.»
Au Collège de France, le professeur n'a pas d'étudiants, mais des auditeurs comme à indiquer qu'à un cours on accourt pour être saisi, porté, ballotté par le flux d'une voix (1). Celle de Michel Foucault il donnait leçon le mercredi, à 17 h 45, puis, dans le vain espoir de raréfier l'assistance, tôt le matin était recueillie par des dizaines de magnétophones. Il les repoussait pour poser ses papiers sur la table, ôtait sa veste, allumait la petite lampe, toussotait et démarrait. «Est-ce que ça vous gêne beaucoup de venir à 9 h 15 en général? Non? Ça va? Vous êtes plus favorisés que moi, alors. L'an dernier, j'avais essayé d'entamer une réflexion historique sur le thème des relations entre subjectivité et vérité. Et pour l'étude de ce problème, j'avais choisi comme exemple privilégié, comme surface de réfraction si vous voulez, la question du régime des comportements et des plaisirs sexuels dans l'Antiquité, ce régime des aphrodis