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Libération

La face cachée de Karl Marx

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publié le 19 avril 2001 à 0h31

On sait qu'il y a plusieurs Marx: celui de la jeunesse cherchant sa voie, l'autre, canonique, du Capital et de la IIe Internationale, enfin celui, hétérodoxe, des Grundisses et autres textes (publiés après sa mort). Mais personne ou presque ne se doutait de l'ampleur des écrits de Marx restés non seulement inédits mais pratiquement non déchiffrés.

La raison est politique: les textes du fondateur du communisme ont été vite sacralisés par des gardiens du temple qui ont tout fait pour l'expurger et le rendre orthodoxe. Reste que, cent dix-huit ans après sa mort, la parution d'une édition des oeuvres complètes n'a jamais été si problématique. Deux éditions se sont arrêtées en cours de route: celle de l'Institut Marx-Engels de Moscou (MEGA 1) interrompue en 1933, après 13 volumes publiés sur les 42 prévus; celle de l'Institut Marx-Engels de Berlin (MEGA 2), dont le premier volume est paru en 1973, mais qui a été interrompue à la chute du Mur en 1989.

Un réseau de chercheurs (IMES), coordonné par l'Institut international d'histoire sociale d'Amsterdam (IISG), a repris depuis ce projet moribond. C'est dans cet institut, en effet, que les archives de Marx ont été déposées en 1933, pour les sauver du nazisme. Ancien responsable de ces archives, l'historien Fred E. Schrader, professeur d'études germaniques et européennes à l'université de Paris-VIII, s'émeut de ce qu'aucune équipe de chercheurs français ne participe à ce projet fondamental (celle d'Aix- Marseille s'étant dissoute après