«Toute ressemblance avec telle personne que le lecteur connaîtrait ne pourrait qu'engager celui-ci à mieux choisir ses relations.» Il y a une ironie rétroactive dans cette épigraphe au premier volume des aventures romanesques de Largo Winch (réédité aujourd'hui en même temps que cinq autres dont le jeune héritier est le héros: Largo Winch et la Cyclope, Largo Winch et le dernier des Doges, la Forteresse de Makiling, les Révoltés de Zamboanga et Business Blues). En 1977, quand le livre est paru pour la première fois, personne ne savait quoi que ce soit de Largo Winczlav, le Yougoslave dont le père adoptif est l'homme le plus riche du monde (ou peu s'en faut). Mais la bande dessinée (des millions d'exemplaires vendus des scénarios de Jean Van Hamme et dessins de Philippe Francq, chez Dupuis) et aujourd'hui une série télévisée (sur M6) ont tellement popularisé le milliardaire débrouillard qu'on en vient à rééditer ses aventures sans dessin. L'éditeur aimerait manifestement que ceux qui ont aimé les BD adorent les romans. Or, l'épigraphe de Van Hamme prend désormais un autre sens, car le Largo Winch des romans ressemble comme deux gouttes d'eau à celui des BD. «Mieux choisir ses relations» aurait-il consisté à ne pas lire les BD avant de lire les romans? Mais l'éditeur n'aurait jamais réédité ceux-ci si celles-là n'avaient eu tant de succès.
Toutes proportions gardées, c'est comme si Alexandre Dumas avait écrit lui-même le scénario et les dialogues des Trois Mousquetaires qui aur