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Libération
Critique

La chute des empires européens.

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Armé de comparatisme et d'histoire sociale, Christophe Charle analyse l'érosion de l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, entre 1900 et 1940.
publié le 26 avril 2001 à 0h35

Pour Christophe Charle, professeur à la Sorbonne et spécialiste des élites sociales, l'histoire contemporaine, principalement celle du XXe siècle, souffre en France de deux maux récurrents: la tyrannie du politique, qui continue d'imposer l'essentiel des analyses et des interprétations, l'enfermement sur des problématiques nationales, et les accents d'autocélébration qui s'en suivent. Le constat est sévère, notamment à l'égard de la jeune histoire culturelle du contemporain, mais il rend assez bien compte de l'état général de la production. Pour sortir de cette impasse, Charle préconise deux voies: celle de l'histoire sociale d'abord, invitée à renouveler la compréhension du XXe comme elle l'a déjà fait des autres périodes historiques, celle de la comparaison ensuite, seule façon d'échapper à un franco-centrisme envahissant, et de sauver ainsi la place de l'historiographie française dans un marché intellectuel devenu international. C'est cette double issue que l'auteur met lui-même à l'épreuve dans La crise des sociétés impériales.

L'objet du livre est ambitieux: recourir aux vertus de l'histoire sociale pour mieux saisir les raisons de l'affaissement, entre 1900 et 1940, des trois principales puissances européennes, Allemagne, France et Grande-Bretagne. Trois entités comparables pour l'auteur, qui forge à leur endroit le concept de «société impériale»: puissants Etats-nations, dotés chacun d'une morphologie analogue (taille, population, poids économique, etc.), et engagés su