«La Petite Bijou» vous a-t-elle été inspirée par un personnage de votre enfance?
C'est un truc bizarre... C'était une drôle de période, au début des années cinquante. J'avais 7 ans, j'habitais une maison aux environs de Paris, à Jouy-en-Josas. A deux ou trois reprises, une fille un peu plus âgée que moi est venue, elle avait 12 ou 13 ans. Il y avait comme une aura autour d'elle... Ça venait du fait qu'elle avait joué comme figurante dans un film. Elle avait ce côté des enfants qui ont grandi trop vite et ont des vêtements trop petits, elle était un peu comme la petite Fadette. Elle avait l'air d'être livrée à elle-même, de ne pas avoir de famille. C'était un mélange bizarre de contexte campagnard et de cinéma. Son rôle exact dans le film restait un mystère. Je n'arrivais pas à savoir ce qu'elle avait fait exactement. Comme si elle avait vécu quelque chose de très... de très...
Par la suite, avez-vous su?
Non, je préférais ne pas trop savoir. Je préférais qu'elle reste comme ça, avec son mystère. Elle était plus vivante.
La Petite Bijou, c'est un peu vous?
C'est une enfant un peu spéciale. C'est une manière de parler de mon enfance et de l'enfance en général, mais en beaucoup plus sombre.
Pourquoi assombrissez-vous si souvent le trait?
Les choses pénibles de l'enfance reviennent toujours, dix ans après, vingt ans après, comme une espèce de boomerang... de bombe à retardement... Comme si les fondations étaient pourr