Comment raconter une histoire? Deux premiers romans, relevant chacun du genre polar qui n'en est pas vraiment un, répondent à cette question de manière opposée: la Femme d'en face développe son intrigue à partir de ce que le lecteur est censé savoir et Sous la peau à partir de ce qu'il est censé ignorer. L'éditeur de Michael Knight et de la Femme d'en face reste lui-même dans le vague, annonçant comme simple biographie de l'auteur qu'il «est âgé d'une trentaine d'années et enseigne à l'université de Tennessee», tandis qu'on en apprend plus sur Michel Faber, né aux Pays-Bas en 1960, grandi en Australie, vivant aujourd'hui en Ecosse et dont Sous la peau «est en cours de publication dans quatorze pays».
Comment se laisse-t-on gagner par un ton et une intrigue? La Femme d'en face commence ainsi, par un chapitre intitulé «Comment ça s'est terminé»: «Sam Holladay avait soixante-trois ans quand il enfonça un revolver calibre 38 à canon court dans la poitrine de Simon Bell et tira.» Bell meurt, Holladay appelle la police. «Il pensait devoir faire face tout de suite aux conséquences de son acte, mais la maison était silencieuse et vide.» Il en est aussi surpris que le lecteur qui croit dès la première page n'avoir plus rien à apprendre et va pourtant apprendre à comprendre. Les «conséquences de son acte» n'auront pas d'importance, ce sont les causes qui comptent.
Les causes, ce seraient des mots. «Plus tard, je ne cessai de repenser au mot adultère; je le tournais et le retournais dans