Découvrons-les une par une, ainsi qu'elles nous sont présentées, dix héroïnes au prénom de fleur, et la onzième qui les écoute, et la douzième qui n'est pas la moindre. La douzième est l'auteur, Wei-Wei, née en 1957, appartenant ainsi à cette génération que la Révolution culturelle envoya s'instruire à la campagne entre 1966 et 1976, génération qu'on connaît assez bien ici. Qu'ils aient subi ou non le même parcours, Chi Li, Han Shaogong, Jia Pingwa, Mo Yan, Fang Fang ou Can Xue, sont tous nés entre 1952 et 1957, le Nobel Gao est plus vieux (né en 1940). Cependant, contrairement à eux, Wei-Wei vit aujourd'hui à Londres, elle écrit en français. Elle avait eu une bourse pour étudier à Paris. La prose de Fleurs de Chine est indéniablement française. Mais transparente. Ne fait pas de bruit. Elle est industrieuse, fidèle, obstinée. La première femme du premier chapitre est née dans la poussière jaune des plateaux de loess, c'est Magnolia. Devenue photographe, elle cherche de par la Chine sa soeur aînée, enfuie avec son amant après que le père a dit, la découvrant enceinte, «Pends-toi». Magnolia a traversé le fleuve à la nage, son baluchon sur la tête, preuve vivante de ce que nous lirons à l'autre bout du livre: «On dit que déplacé, un arbre mourra mais un homme vivra. Je le crois. Pas vous?» Magnolia a un point de vue particulier sur le grand vent de changements qui fait tourner la tête des Chinois (es) dans les années 90, décennie à partir de laquelle Wei-Wei rayonne à la recher
Critique
Le langage des fleurs.
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publié le 26 avril 2001 à 0h35
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