Difficile de trouver deux femmes aussi proches, et aussi... dissemblables. Leurs deux noms sont désormais liés dans ce que les critiques chinois ont baptisé, non sans une pointe de machisme, les «belles femmes écrivains», ou encore les «Shanghai babes». Pourtant, toute évocation de l'une provoque chez l'autre une bouffée de rage, même si elles sont condamnées, pour un moment, à «vivre» ensemble. Libération les a rencontrées à deux heures d'intervalle, dans deux salons parisiens: portrait croisé.
Mian Mian, 30 ans, se présente hypermaquillée, vêtue de dentelle noire, parlant avec ses tripes de ce qui est sa propre vie avant d'être un roman. Tout aussi maquillée, Weihui, 27 ans, porte une éclatante veste de soie rouge, et parle de manière plus posée, plus séductrice, limite manipulatrice. La première se raconte simplement, la rupture avec l'école, avec sa famille, la dérive dans la drogue, la musique, la marginalité. Elle décrit l'écriture comme une thérapie. La seconde ponctue ses phrases de références, Camus, Duras. Née dans une famille de militaire, elle a étudié dans la plus grande université de Shanghai, la philosophie, la littérature. Elle se veut d'abord écrivain et femme.
L'une comme l'autre paraissent lassées de répondre à des questions convenues sur leur enfance, Mao, la Chine, Shanghai... Soudain, quand le nom de la rivale est lâché, les yeux s'enflamment et le ton monte. Au nom de Weihui, Mian Mian oublie l'interprète et passe à l'anglais, pour être sûre de ne pas êt