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Libération
Critique

A Dieu ne plaise.

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Des interdits de l'Eglise à ceux du politiquement correct, une histoire au féminin de la séduction.
publié le 3 mai 2001 à 0h45

Depuis plusieurs années, le groupe d'histoire des femmes de l'Ecole des hautes études explore les frontières des relations entre les sexes. Après la solitude, la violence (1), voici la séduction, plus énigmatique encore. «Déplacer les grilles de lecture habituelles pour esquisser un nouvel objet historique, c'est le défi que voudrait relever cet essai collectif» de treize auteures (2). Il s'agit moins d'une histoire de la séduction que d'une évocation de ses différentes formes à travers le temps. Discours et pratiques saisis en divers lieux (France, Espagne, Caraïbes coloniales, Etats-Unis) et à diverses époques, du Moyen Age à nos jours, des interdits de l'Eglise à ceux du «politiquement correct» américain où la séduction devient «harcèlement sexuel» (Nancy Green), dessinent un étrange ballet de figures sans cesse recomposées.

Mais qu'est-ce donc que la séduction? Au sens étymologique, cela signifie aller où on ne voulait pas, voire ne devait pas se rendre, ce qui implique déplacement quelque peu contraint, déviation, déviance, peut-être chute. Séduire, c'est tromper, comme le fit le serpent pour Eve succombant à la tentation et apprenant les secrets de la vie, c'est-à-dire du sexe, devenu visible, explosif. La séduction n'est pas seulement sexuelle, mais elle l'est d'abord: attirance/répulsion des corps, dans un jeu de mots (pouvoirs de la voix), regards, de contacts furtifs, de caresses, jusqu'à l'assaut final qui défait l'intrigue désormais achevée. La séduction n'est pas