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Libération
Interview

Les armes d'Eros.

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Rencontre avec Jean-Jacques Pauvert, expert ès érotisme et pornographie.
publié le 10 mai 2001 à 0h50

Il a lu tous les livres récents, hélas! et la chair y semble triste. Alors que rien ne l'obligeait à rajouter un appendice aux quatre volumes de son Anthologie historique des lectures érotiques, Jean-Jacques Pauvert nous livre une coda catastrophée, car, «en l'an 2000, malgré les apparences, il n'y a plus guère ­ ou plus du tout ­ d'érotisme». Comble de provoc, Pauvert fait comparaître à la barre un certain nombre de textes détumescents qu'il commente d'un simple «déjà oublié aujourd'hui» ou encore «mal partie». Bilan global de ces «quelques extraits de lectures que je ne sais plus comment qualifier»: «Toujours la rage de noter ce qui vous arrive, ce qui vous est arrivé ­ et vous arrivera sans doute encore ­ et qui n'intéressera jamais personne.» Le sexe est devenu assourdissant donc inaudible, Pauvert nous renvoie à Du trop de réalité d'Annie Le Brun (Stock, 2000). Parmi les rescapés de cette débandade, deux raretés surnagent: le Traité du boudin de Stéphane T. (Ensemble vide Editions, 1997) et l'étrange Georges d'Esparbec, «dernier des pornographes» dont les proses surannées méritent mieux qu'un coup d'oeil (Média-1000, collection «Darling» ou par correspondance aux éditions Sabine Fournier).

Pour appuyer son anthologie, l'auteur ausculte en outre, année par année, les états d'âme du cul dans la presse: ce degré zéro de l'excitation littéraire correspond-t-il à une bromurisation générale des rapports dans la société? Peut-être: la branlette sur internet, le clonage, le Viag