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Libération
Critique

Les caprices de Marianne.

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Sous un bonnet ou un casque, en B.B ou en Laetitia Casta, l'évolution d'un symbole républicain.
publié le 10 mai 2001 à 0h49

Autant que de projets ou de mesures concrètes, la politique est affaire de représentations. Quel pouvoir, en effet, peut-il se maintenir sans l'arsenal d'emblèmes, d'insignes ou d'allégories qui l'ancre dans le registre symbolique? Historien de la République, Maurice Agulhon a largement contribué à faire valoir ces idées auprès des spécialistes du contemporain. Sa Marianne au combat, publié en 1979, suivie, dix ans plus tard, d'une Marianne au pouvoir, montraient, ainsi, toute l'importance de l'imagerie et des symboles dans le lent enracinement de l'idée républicaine au XIXe siècle. Il achève aujourd'hui ce parcours en étudiant les Métamorphoses de Marianne dans la France du XXe siècle, de 1914 à nos jours.

Le nouveau siècle, au vrai, vécut longtemps sur l'héritage de l'ancien. Pièce maîtresse du système symbolique forgé au XIXe siècle, la figure de Marianne y connaît une sorte de longue «fin de règne». Et, si le bonnet phrygien est un temps supplanté par le casque Adrian, couvre-chef des Poilus, il retrouve, dès 1918, sa fonction d'attribut privilégié de l'allégorie nationale. Cette permanence, note Maurice Agulhon, cache, en fait, une «vaste et discrète mutation», qui voit la symbolique républicaine peu à peu «glisser du partisan au national». Antique déesse de la Liberté devenue en 1792 le symbole de la République, Marianne perd alors toute signification politique ou militante pour incarner désormais la Nation ou l'Etat. Sa silhouette se fait de plus en plus familière, trô