Cette angoisse de l'aube, qui ne l'a pas connue? Quand il ouvre les yeux, chaque jour depuis 14 ans, Jean-Marc Rouillan observe les murs d'une cellule: «Au réveil, la prison saute à la gorge. Comme un animal à l'affût de l'ultime cauchemar. Le premier sens en éveil m'avertit de sa présence tapie.» Ainsi commence Je hais les matins, le livre de l'ancien membre d'Action directe, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour deux assassinats et des tentatives de meurtre commis dans le milieu des années 80, au nom de la «lutte anti-impérialiste». Que l'on ne cherche pas dans cet ouvrage une quelconque explication aux dérives meurtrièresdu groupuscule d'extrême gauche. Je hais les matins est le livre d'un détenu, qui dit l'enfermement à vie. La contention de chaque geste quotidien.
Commencé à la prison de sécurité renforcée de Lannemezan en juillet dernier, le livre a été achevé à l'hôpital pénitentiaire des prisons de Fresnes au début de l'année. Rouillan est alors en grève de la faim. Il réclame, pour lui et ses compagnons d'Action directe des conditions de détention décentes et des soins médicaux. L'une, Nathalie Ménigon est très malade, l'autre, Georges Cipriani est devenu fou dans une cellule d'Einsisheim. Entretemps, à Lannemezan, les détenus se sont révoltés. Pas une mutinerie, comme dans les années 80, pas pour de grandes revendications révolutionnaires. Non. Ils ont refusé leur plateaux-repas, ils ont refusé de quitter la cour de promenade. Ils veulent plus de libé