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Libération

Lolita, petite fille moderne

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publié le 10 mai 2001 à 0h49

Le cas de Lolita est unique. Généralement, les scandales que des livres ont provoqués deviennent grotesques au fil du temps et on ne comprend plus pourquoi on a voulu interdire Madame Bovary ou Ulysse. Même Sade et ses Cent vingt journées de Sodome ont intégré la Pléiade. Mais, au contraire de l'adultère ou l'obscénité, la pédophilie n'est certes pas entrée dans les moeurs et on a le sentiment que Nabokov aurait encore plus de problèmes à publier son roman aujourd'hui qu'il n'en eut dans les années 50. «Depuis sa parution en 1955, Lolita est devenu une sorte de classique de la littérature mondiale sans que s'étiole sa dimension scandaleuse, bien au contraire peut-être», écrit Maurice Couturier, spécialiste de Nabokov et nouveau traducteur ­ pourquoi pas? ­ de Lolita, en tête de son introduction (à noter que cette nouvelle traduction qui paraît en collection «Du monde entier» à 150 F sera disponible en «Folio» dès le 23 mai à 41F).

Humbert Humbert, violeur pédophile et assassin dont le roman se présente comme une sorte de confession, paraît un enfant, question perversité, à côté de Vladimir Nabokov, le véritable auteur. Il est vrai aussi que Lolita montre comment les enfants (les adolescents, Lolita a 12 ans au début du roman) s'y connaissent merveilleusement, question perversité. Nabokov, né en 1899 et mort en 1977, s'est mis à travailler à son livre dès 1947, il l'achève en 1953 et ne parvient à le publier qu'en 1955, à Paris et en anglais, chez Olympia Press (il se brouille