Les lecteurs habituels de Thomas Sanchez vont être surpris. Avec le Jour des Abeilles, son nouveau roman, ils auront du mal à reconnaître l'écrivain dur à cuire qui dénonçait avec Rabbit Boss, dans les années 70, le massacre des Indiens. Ceux qui ont lu Mile Zéro (paru en France en 1990), épopée mystérieuse bourrée de sorcellerie et d'humidité tropicale, seront tout aussi surpris. Le Sanchez nouveau est sentimental.
Le Jour des abeilles commence sur les pas d'un universitaire américain. Ce spécialiste d'histoire de l'art arrive en Provence peu après la mort de Louise Collard, une femme qui a beaucoup compté dans la vie et l'oeuvre de Zermano, immense et mythique peintre espagnol. Fouinant dans la maison de la défunte, l'érudit Yankee tombe sur un tas de lettres qu'elle n'a pas envoyées à son amant, alors qu'au début de la Deuxième guerre mondiale, ils venaient de se quitter définitivement. En les lisant, le chercheur découvre les véritables conditions de la séparation entre la muse et son artiste, puis la vie tragique de Louise qui a rejoint la Résistance. Le chercheur est tellement remué par ce qui lui est révélé, qu'il ne va pas exploiter ce trésor à son propre bénéfice, mais essayer de faire parvenir ce courrier jamais expédié à son destinataire. Avec cinquante ans de retard. Il quitte la Provence pour l'île de Majorque où Zermano, dont on n'a plus trace depuis 1969, a encore des chances de se trouver, très vieux et coupé du monde. En attendant de pouvoir peut-être rencont