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Libération
Critique

Negri, de mal empire.

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Des Pères de l'Eglise à Michel Foucault, une analyse du nouvel ordre mondial.
publié le 17 mai 2001 à 0h54

Il l'ont écrit entre la fin de la guerre du Golfe et le début de la guerre du Kosovo, s'envoyant leurs textes pour les corriger, les compléter, faire chacun sien ce qui venait de l'autre et vice versa. L'un est américain, professeur de littérature à l'Université de Duke. L'autre est italien, jadis professeur de sciences politiques à Padoue, chargé de cours à Paris-VIII et à l'ENS, dirigeant historique de Pouvoir ouvrier, aujourd'hui détenu, en régime de semi-liberté, à la prison de Rebibbia, où il purge une peine de dix-sept ans pour «insurrection armée contre l'Etat» et de trois ans et demi pour «responsabilité morale» dans les affrontements (1973-1977) entre manifestants et policiers à Milan. De leur livre, Empire, on a prédit qu'il serait, pour le XXIe siècle, rien de moins que ce que le Manifeste de Marx a été pour les siècles précédents.

L'entreprise de Michael Hardt et Antonio Negri se révèle, en effet presque démesurée, puisqu'elle tente de donner l'ensemble des outils nécessaires à la compréhension du nouvel ordre mondial, dans une optique qui n'est évidemment pas celle des tenants de cet ordre, mais qui, par son effort théorique, dépasse très largement, parce que l'approche y est à la fois philosophique et historique, culturelle et économique, anthropologique, sociale et politique, tout ce que les opposants à la mondialisation ont pu dire jusqu'ici.

Quelle est la constitution politique de l'ordre global? Pour définir la nouvelle forme de souveraineté et de domination