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Libération

Sans faute de Goethe

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publié le 17 mai 2001 à 0h54

Ce volume contient deux épisodes-phares de la légende goethéenne, la présence du grand homme à Valmy en septembre 1792 et sa rencontre avec Napoléon en octobre 1808. On ne peut pourtant pas dire que les quatre textes du recueil (Annales, Campagne de France, Siège de Mayence et Entretien avec Napoléon), rédigés pour l’essentiel longtemps après les faits, brillent par leur caractère anecdotique. C’est comme si Goethe, né en 1749 et mort en 1832, essayait, au contraire, de tenir sa vie à distance tout en en rendant compte, comme s’il se voulait descripteur aussi objectif de sa propre existence que des événements historiques qu’elle lui a fait traverser. On dirait qu’il privilégie un lien technique avec sa vie dès lors qu’il l’écrit. La narration proprement dite n’est pas son affaire. A propos du bombardement par les Français, en 1796, de Francfort où résidait sa mère, il écrit ainsi: «Sa lettre à ce sujet mériterait d’être citée.» Mais il n’en cite pas un mot. Elle mériterait d’apparaître dans un livre d’histoire, dans un recueil d’anecdotes, dans mille autre volumes divers ­ mais pas dans un livre de Goethe où il s’agit de relire sa vie et l’histoire depuis sa position de génie reconnu et maintenant que la Révolution est terminée et que Napoléon a disparu. Dans Poésie et vérité (traduit chez Aubier), il jouera plus volontiers du caractère fictif de l’autobiographie.

«Tout cela se passait au milieu d'un groupe de personnes souvent connues et inconnues, et provoquait des réflexio