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Libération

Avec un K, comme Cadiot.

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Emmanuel Hoquard et le cofondateur de la revue de littérature générale s'expliquent sur leur usage du blaireau.
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publié le 24 mai 2001 à 0h58

Le nom d'Olivier Cadiot apparaît en vingt-quatre endroits de Ma Haie, sans compter le personnage de «K». L'écrivain de l'Art poétic' et du Colonel des Zouaves, cofondateur de la Revue de littérature générale, y est un grand constructeur de barrages, un pêcheur à la ligne émérite et surtout le premier à avoir «blaireauté» (p. 268): «K le Jeune, après s'être isolé dans une chambre, à l'abri des regards, s'empare d'un blaireau (pinceau à savonner la barbe avant le rasage). Au moyen d'une lame de rasoir (cutter très coupant), il rase le blaireau. Puis il entreprend de le reconstituer en recollant les poils, un à un.» L'histoire est rigoureusement exacte, Cadiot confirme: «C'était un délire, il m'a retrouvé couvert de poils, avec, à la main, le socle où j'avais replanté une touffe ridicule.» Depuis, le «blaireau» est un art poétique insulaire: «Robinson parle seul, avec les mots qu'il a appris quand il n'était encore que Crusoé, des mots qu'il agence en souvenirs, en objets de mémoire. Robinson, sur son île, fait la même chose que Crusoé avant le naufrage tout en faisant sonner le même différemment.»

Olivier Cadiot se souvient du coup de tonnerre que la lecture d'Elégies provoqua en lui, en 1979: «une extrême ironie ­ légère cependant ­ et une extrême émotion. Pas une émotion pulsionnelle, sentimentale, pas l'émotion au sens lyrique. Non, une émotion antilyrique comme peuvent en produire Reznikoff et les Objectivistes ou Jack Spicer... une émotion calculée, avec quatre coups de bi