Le tandem Lebovici/Diatkine (Lebo le nommait lui-même ainsi), âmes et créateurs à Paris du Centre Alfred Binet, du «13°», «Mecque» de la psychanalyse d'enfants, est encore très vivace tant dans la mémoire que dans la pratique clinique de tous ceux qui ont suivi leurs séminaires respectifs. La mort récente de Serge Lebovici a suscité de nombreux textes sur son oeuvre et sur son héritage. La marque de son alter ego mais néanmoins très différent est peut-être moins connue, en tout cas moins sur le devant de la scène psy. Encore que le premier analyste de Diatkine ait été Jacques Lacan.
Le livre qui paraît sur René Diatkine, quatre ans après sa mort, tombe ainsi à point nommé et permet de reconstituer la complémentarité de ces deux grands pychiatres-psychanalystes qui ont travaillé ensemble pendant près de cinquante ans et formé une, voire deux, générations d'analystes.
Paul Denis, auteur de la belle préface de ce livre, évoque René Diatkine comme psychanalyste et psychiatre. C'est en effet par le biais de la seule démarche analytique que Diatkine a appréhendé et les états psychiques et, peut-on dire, le monde en général. Très marqué par le livre de Georges Canguilhem, le Normal et le pathologique (PUF), livre qui a ouvert à une relativité de la notion de normalité et a remis en cause les valeurs normatives de notre société, Diatkine, armé de sa compréhension de l'oeuvre de Freud, a été amené à poser que l'apparition d'un état pathologique n'est pas la libération d'une structu