Bien sûr, on ne voudrait pas en faire trop, puisque Emmanuel Hocquard «essaie d'écrire des livres qui soient des moins». A la limite, laisser le lecteur «faire quelque chose avec ça», se débrouiller tout seul. Par exemple (idée de génie qu'il nous souffle) fonder un nouveau genre de critique en recopiant intégralement Ma Haie. Compte rendu impeccable. Aucun risque de faire «dégouliner» sa «poésie sans accent poétique, aussi sèche qu'une biscotte sans beurre» et pourtant si jubilatoire, si roborative.
Si vous voulez connaître la vraie vie d'Emmanuel Hocquard, vous devez absolument lire Ma Haie (et son premier épisode, publié en 1987, Un privé à Tanger). Si en revanche, vous vous en contre-moquez, vous devez absolument lire Ma Haie, puisque, comme il l'écrit, «il n'y a personne sur une photographie». En attendant, rappelons que, littérairement, «Emmanuel Hocquard est né d'excellente humeur, à Paris, en avril 1973.» Avant ça, il naquit à Tanger le 11 avril 1940. Petit, il lisait mot à mot. Et non seulement les phrases lui restaient opaques, mais, scandale plus grave, le sens que ses camarades de classe y décryptaient semblait être «le même pour tous». Emmanuel Hocquard découvre ainsi le totalitarisme de «la grammaire universelle-continue», «celle des conservateurs & des révolutionnaires réunis». Alors qu'il étudie l'histoire à l'université, il se met un jour à dégraisser et débiter en rondelles un de ses commentaires sur Tite-Live: «Le "même" texte libérait soudain des possibili