«A partir du réalisme de Los Angeles, Aldous Huxley créa une fiction. A partir des fictions de Los Angeles, Raymond Chandler créa une réalité.» Ainsi parlait Philip Durham, en 1963. A cette époque, Chandler avait fixé le cadre d'une Cité des Anges seulement revisitée, après Marlowe, par Lew Archer, le privé de Ross MacDonald et une poignée d'émules. Les coupés Packard et Chrysler circulaient sans bruit sur l'asphalte encore déserts la nuit entre Hollywood, Beverly Hills, Bel Air, Westwood et Brentwood. Seul Robert Altman parvint, avec The Long good-bye, à renouveler l'esthétique de Chandler. Puis vint James Ellroy, redessinant les territoires du crime angelino. C'est enfin Robert Crais, un auteur discret, qui recréée de manière subtile des liens familiaux avec un Los Angeles englouti par sa mythologie. Elvis Cole, copropriétaire de l'agence de détectives Pile et Cole, enquête dans un monde bouleversé par le procès O.J. Simpson. La nostalgie n'affleure jamais dans le récit de ses aventures sanglantes, faussement voisines des séries télé. Le sang-froid de Cole, ex-policier émigré dans la broussaille calcinée des collines d'Hollywood, a l'apparente placidité de Marlowe ainsi son coeur solitaire ne semble battre que pour le matou bagarreur qui le rejoint à l'aube. L'intrigue de L.A. Requiem, retorse, rompant avec la linéarité de tant de romans noirs actuels, l'entraîne vers les bâtiments sans grâce de la police ou des parcs remplis de paumés en proie au mal de vivres des Ninet
Critique
L. A .comme L. A.
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par François RIVIERE
publié le 24 mai 2001 à 0h58
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