Le nom de Claude Royet-Journoud apparaît en trente-trois endroits de Ma Haie. Il y est compagnon de voyage (aux Etats-Unis), de travail (pour les anthologies de poésie américaine), commanditaire (le texte Allée de poivriers en Californie), commentateur amusé («travail de boucher» à propos d'un découpage en vers) ou conspirateur théorique («Remplacer image par le mot image»). Né en 1941, acteur essentiel de la «modernité négative», tant par son oeuvre rare et déterminante (quatre livres chez Gallimard depuis 1972) qu'à travers les revues qu'il a créées (Siècle à mains, l'In-plano, ZUK...) ou son émission de radio Poésie ininterrompue, il parle avec discrétion de son ami, préférant commenter l'oeuvre que la vie.
Vous êtes un des «personnages» principaux de Ma Haie...
Le seul personnage, c'est la grammaire! Emmanuel a fait de la grammaire une autobiographie. La grammaire, c'est aussi l'enfance, l'apprentissage de la lettre, bref l'art de lire et d'écrire. Ce livre a une unité violente tout en foisonnant d'angles d'attaque divers: ainsi les index renvoient sans arrêt à une autre lecture possible. Il y a comme un éblouissement à découvrir son oeuvre. Une jubilation. Il déplace les formes, repousse la narration dans ses retranchements ultimes, va au plus loin, au plus imprévisible. J'ai besoin d'Emmanuel Hocquard pour comprendre ce que je fais moi-même: sans lui, beaucoup de choses me resteraient obscures. Il éclaire notre représentation du monde.
Qu'avez-vous en commun?
L'enquête pol