Barbares, violents et sans honneur, tels auraient été les Mérovingiens. Si les historiens se sont libérés de ces «projections négatives» des difficiles relations germano-françaises, elles demeurent ancrées dans les mémoires collectives. Ce livre passionnant travaille à les détruire, tout en s'adressant en priorité aux historiens par la réflexion méthodologique audacieuse qui le sous-tend: à travers l'étude de l'honneur des Mérovingiens, d'un objet donc pensé jusqu'alors inexistant, et celle du rôle des reines, sujet évacué par manque d'intérêt pour le féminin, l'auteur dénonce d'une part la lecture sans nuance de sources postérieures peu aptes à rendre compte de la réalité mérovingienne parce que traversées par des valeurs chrétiennes alors non efficientes, d'autre part le recours au concept de genre, structuré sur la dichotomie domination masculine/soumission féminine pour expliquer la place et le rôle des reines mérovingiennes, seules figures féminines perceptibles.
Avec une grande habileté et clarté, Nira Pancer affirme possible la relecture dès lors que, reconnaissant l'historicité de la notion d'honneur, on accepte de le concevoir «comme échange de violence», laquelle doitÊcesser de le considérer comme une «rupture systématique des échanges sociaux qui seraient pacifiques par nature». Ainsi se dévoilent les codes implicites: ce qui est aux yeux des chroniqueurs duperie est à ceux des Mérovingiens intelligente stratégie; s'emparer de la terre d'un voisin par les armes n'e