Uma prépare un paquet pour son jeune frère Arun, parti étudier aux Etats-Unis. Sur la balancelle, «Mamanpapa» goûtent la paix du soir, observent leur fille aînée s'affairer. Uma la moins jolie, la moins vive: elle est la vieille fille et l'éternelle enfant. Sa cadette, qui s'est mariée il y a belle lurette, est devenue l'incarnation de l'Indienne moderne de Bombay. Uma, elle, est en quelque sorte assignée à demeure, dans la mesure où elle n'a pu attirer que des escrocs qui n'en voulaient qu'à sa dot. La balancelle, trône de la tyrannie parentale, rythme doucement le passage des jours, des années. Tel un pendule qui oscille entre passé et présent.
Ainsi se déroule l'histoire sans histoires de cette véritable anti-héroïne: à la manière d'un ruban, flottant au gré de ses rêveries, de ses petites courses, des thés chez Mrs O'Henry, la prosélyte épouse du pasteur. Mais Uma parfois s'échappe, connaît des moments de grâce, comme pendant ce pèlerinage dans l'Himalaya avec sa tante Mira: «(...) elle était laissée à elle-même pendant une grande partie de la journée, qu'elle passait à errer vers la rivière. (...) Autrement, elle restait sur la colline où elle cueillait des baies trop dures et trop vertes pour être comestibles, observait les insectes sillonner les sentiers, puis disparaître dans les fentes des rochers. Ou bien elle s'asseyait sous un arbre grisâtre et épineux, à l'ombre clairsemée, et regardait des aigles pêcheurs planer dans la vaste ciel.»
Née en 1937 à Bombay d'un père