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Libération
Critique

Cixous déride Derrida.

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Hélène Cixous. Portrait de Jacques Derrida en jeune saint juif. Galilée, «Lignes fictives», 120 pp., 165 F (25,2 euros).
publié le 31 mai 2001 à 1h03

Ces deux-là s'aiment, c'est sûr, comme soeur et frère, et d'année en année, leurs textes désormais se répondent, tel un Cantique des cantiques philosophique. Ils se connaissent depuis si longtemps. Ce fut d'abord Voiles, chez le même éditeur, en 1998. Un texte d'elle, un texte de lui, liés sous un même titre. Puis le long hommage de Derrida, presque un livre, 127 pages dans Hélène Cixous, croisées d'une oeuvre (1), intitulé «H.C. pour la vie, c'est-à-dire...». Lui avait tissé son texte pour l'essentiel autour de OR, les lettres de mon père; elle élit de son côté «"au hasard" un de ses livres debout devant moi. C'est Circonfession».

De Circonfession, elle reproduit donc des périodes entières, des signifiants desquels elle s'amuse, trame, conspire («on dirait une phrase de Derrida», commente-t-elle à un moment, ayant aligné les mots «secret», «mort» et «origine»), les soulignant de couleurs différentes, y tricotant entre les mailles son propre texte. Est-ce un essai, est-ce un poème? Essai peut-être conviendrait, qu'elle définit en disant que «l'aveu est toujours un essai, et l'essai toujours un aveu admirable, c'est-à-dire une reconnaissance d'échec, l'essai essaie et s'avoue comme essai ou aveu»... est réussi au regard d'une erreur, voudrait-on ajouter avec Lacan. Montaigne fait d'ailleurs partie du voyage (en Italie), via une scène de circoncision horrificque que Cixous recopie et ponctue, comico-sadique: «Le 31 de Janvier il [Montaigne] eut la colicque et fit une pierre ass