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Libération

Hans Mayer.

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par Arno Munster
publié le 31 mai 2001 à 1h03

Avec la mort de Hans Mayer ­ dans la nuit du 19 au 20 mai, à Tübingen, à 94 ans! (voir Libération du 22 mai) ­ l'Allemagne a perdu non seulement son plus éminent historien de la littérature, critique et essayiste, connu, entre autres, pour ses livres sur Thomas Mann, Georg Büchner et Bertolt Brecht (Hans Mayer est également le traducteur des Mots de Jean-Paul Sartre), mais aussi un philosophe et témoin très critique de son temps qui, avec son grand livre sur Les marginaux. Femmes, juifs et homosexuels dans la littérature européenne (traduit en français chez Albin Michel, en 1994), a voulu démontrer, dans le sillage du diagnostic pessimiste déjà formulé par Adorno et Horkheimer, dans la Dialectique de la Raison, l'échec tragique du projet d'émancipation des Lumières, se cristallisant dans les exclusions et discriminations dont les femmes, les juifs et les homosexuels ont été (et sont encore) les objets privilégiés.

Témoin du «siècle des extrêmes», comme la plupart des autres intellectuels juifs, contraint à l'émigration, Hans Mayer, qui se disait dans son autobiographie, un «allemand à révocation», voire un allemand «malgré lui», est né en 1907, dans une famille juive allemande de Cologne. Après des études de droit à Francfort et Berlin, il s'exile en 1933 à Paris, où, lecteur d'allemand à l'Ecole Normale Supérieure, il fait la connaissance de Roger Caillois, de Michel Leiris et des membres du Collège de Sociologie de Georges Bataille. Il se tourne alors résolument vers la lit