Ça commence par une fausse piste. Andrew Wesley, un jeune reporter du Chronicle, se rend dans le nord de l’Angleterre pour enquêter sur une secte. Après les trente premières pages, il n’en sera plus jamais question. L’artificier Priest vient de nous faire entrer dans le surnaturel par la petite porte, par le biais d’un héros moyen, avec ce qui semble être la plus banale des intrigues. Comme dans Une femme sans histoires (Denoël), le quotidien le plus quotidien couve un drame profond. Il faut tenir au-delà des trente premières pages. La suite dépasse l’imagination.
Notre journaliste, du genre gratte-papier laborieux, confie assez vite qu’il a tendance, depuis tout petit, à entendre des voix. «Toute ma vie, aussi loin que je m’en souvienne, j’ai eu l’impression que quelqu’un partageait mon existence. Enfant, je n’avais rien sur quoi m’appuyer, à part cette impression proprement dite, si bien que je ne m’en préoccupais pas; je pensais que tout le monde était comme moi.» L’hypothèse d’un frère jumeau est d’autant plus plausible qu’Andrew a été adopté vers l’âge de deux ans. Une femme, lady Katherine Angier, semble le conforter dans ce sentiment. Elle lui révèle qu’il est, en réalité, l’arrière-petit-fils d’Alfred Borden, un grand prestidigitateur de la fin du siècle dernier. Elle se trouve être elle-même l’arrière-petite-fille du rival invétéré de Borden, Rupert Angier.
Le duel que se sont livrés les deux magiciens à la fin du XIXe siècle hante encore la vie d