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Critique

Que fait la polis?

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Avec la polis s'efface le citoyen et apparaît l'individu. Fleurissent alors l'épicurisme, le stoïcisme et le scepticisme dont on retrouve ici les sources.
publié le 31 mai 2001 à 1h03

Epicure et le stoïcien Chrysippe auraient rédigé, rien qu'à eux deux, des ouvrages représentant plus de mille «livres», ou rouleaux de papyrus. Il n'est donc pas déraisonnable d'estimer que, au total, la production littéraire des philosophes hellénistiques s'élève à plusieurs milliers de livres. Des échos retentissants s'en trouvent évidemment dans maintes oeuvres de l'antiquité, notamment celle de Cicéron ou de Lucrèce. Mais, pour ce qui est des écrits originaux, ne sont parvenus qu'«un hymne à Cléanthe», «trois résumés et un ensemble de maximes d'Epicure». Tout le reste de la documentation est fragmentaire, fait de mentions, de citations, de maximes «entendues» et retranscrites, de phrases dépareillées sorties de leur contexte, de résumés établis par des auteurs postérieurs. «La philosophie hellénistique est un puzzle.»

Il aura fallu près de dix ans à Anthony A. Long et David N. Sedley pour reconstituer, autant que faire se peut, ce puzzle (1), et composer le recueil commenté des sources directes de la philosophie hellénistique. Leur travail ­ que l'on désigne souvent par le seul acronyme «LS» ­ est vite devenu un classique: publié à Cambridge en 1987, The Hellenistic Philosophers paraît aujourd'hui dans sa version française, directement en édition de poche.

Entre la culture «hellène» et la culture «hellénistique», il y a, si on peut dire, Philippe de Macédoine et Alexandre le Grand. C'est à la mort de ce dernier, en 323 av. J.-C., ou à celle d'Aristote, en 332, que l'on fai