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Libération
Critique

Le beau Danube brun.

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Un étude sur Vienne lorsque Adolf Hitler y forgea ses premières armes en politique.
publié le 7 juin 2001 à 1h10

De 1908 à 1913, Adolf Hitler vécut à Vienne une vie d'errance, de misère et de bohème qui reste aujourd'hui encore relativement mal connue. Dans Mein Kampf, il n'a guère contribué à éclairer ce séjour, brouillant délibérément les pistes pour mieux forger sa légende. L'ouvrage de Brigitte Hamann coupledeux approches. Traquant Adolf Hitler de foyers en asiles, elle s'interroge sur ses moyens d'existence, montrant que sa misère, toute relative, a été adoucie par la générosité de sa famille et la vente d'aquarelles aux touristes. Elle décrit également ses amitiés ­ exclusivement masculines. Elle revient enfin sur les loisirs du futur dictateur, passionné par l'architecture et la musique wagnérienne, fréquentant en amateur éclairé l'Opéra. Chemin faisant, elle détruit quelques mythes. Compte tenu de son physique malingre, Hitler n'a jamais travaillé dans le bâtiment ­ au rebours de ce qu'il a longtemps affirmé; au vu de ses fréquentations, il ne saurait être considéré avant-guerre comme un antisémite.

L'intérêt du livre, pourtant, ne réside pas dans ce récit biographique, aussi minutieux soit-il. Il tient à la description saisissante que l'auteur propose de la Vienne fin de siècle. La ville est certes touchée par la modernité que les noms de Mahler, Klimt ou Schnitzler suffisent à résumer. Mais elle est surtout tenaillée par les démons de la guerre civile. En raison de sa richesse, elle attire une population venue des quatre coins de l'Empire rechercher les moyens de survivre. La