Décembres fous raconte l’histoire d’un étranger qui arrive dans un village isolé et menace une relation fusionnelle entre un paysan et sa terre, entre un homme et sa soeur. Comme dans presque tous les romans d’Edna O’Brien, l’histoire se passe au fin fond de l’Irlande, à une époque indéterminée qui pourrait aussi bien être 1890 que 1930, si un ou deux indices (un congélateur, une discothèque) ne désignaient une date plus récente. Comme toujours, les personnages sont prisonniers d’une société archaïque, sauf que cette fois l’irruption de valeurs modernes le divorce, une police qui fait de la prévention, un avocat raisonnable fait penser qu’il sera possible de changer l’ordre des choses. Et puis, décidément non, l’histoire retrouve son cours et le destin s’accomplit. Ça finira très mal. Décembres fous est le troisième volet d’une trilogie sur des sujets qu’Edna O’Brien considère comme «très importants pour ce pays»: la guerre en Irlande du Nord dans la Maison du splendide isolement (1995), l’avortement et l’inceste dans Tu ne tueras point (1998). Les réactions de ses concitoyens à Tu ne tueras point ont montré que l’Irlande avait changé, mais pas tant que ça, depuis 1960, l’année où Edna O’Brien a publié son premier roman, les Filles de la campagne.
Le livre avait été violemment attaqué «une tache sur l'honneur des femmes irlandaises» et interdit par la censure pour «pornographie et manque de religion». Le curé de sa paroisse avait confisqué les exemplaires achetés par