André Blavier et sa célèbre pipe se sont éteints le 9 juin dernier à Verviers, au pays de Magritte. Bibliothécaire, poète, érudit, oulipien et pataphysicien, Blavier était devenu une légende. La revue Plein Chant lui avait consacré un numéro en 1985 (Les Très riches heures d'André Blavier), suivi récemment par une exposition organisée par A. Delaunois et J-P Verheggen (Le Don d'Ubuquité, Bruxelles, 1997). Héritier de Jarry et de Scutenaire, fleuron de la Belgique sauvage, Blavier avait «l'ironie malicieuse et tendre» de la terre wallonne. Né en 1922, il se passionne pour le surréalisme et découvre Queneau à vingt ans. Il va nouer sa vie à cette oeuvre qui lui donne l'énergie de survivre et d'écrire. Une passion les réunit : les fous littéraires, et Blavier va compiler pendant de longues années sa magistrale bibliographie (rééditée cette année aux Editions des Cendres). Parallèlement, il fonde en 1952, avec Jane Graverol, le groupe et la revue Temps mêlés. Il publie Crevel, Pansaers, Mariën, Chavée et se lie avec Caradec, Arnaud et Pia, avant d'entrer au Collège de Pataphysique et de participer à la fondation de l'Oulipo. Après la mort de Queneau, Temps Mêlés sera consacré à la publication de documents sur Raymond, son ami. Et en 1977, il ouvre à Verviers le Centre de documentation Raymond Queneau qui marque le début des recherches queniennes. Bibliographe impétinent, Blavier s'est aussi consacré à la publication des Ecrits de René Magritte et à l'oeuvre de Maurice Pirenne. M
La dernière bière de Blavier.
Article réservé aux abonnés
publié le 21 juin 2001 à 1h19
Dans la même rubrique