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Libération
Critique

Le père est toujours sûr.

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publié le 21 juin 2001 à 1h19

Fécondé in vitro par un spermatozoïde anonyme, l'ovocyte de l'une est porté par sa compagne, future parturiente. Qui sera la mère? A cette devinette, qui jusqu'aux récentes avancées de la biomédecine relevait de la science-fiction, mère génitrice et mère gestationnelle répondent sans hésiter «nous», expression d'un choix privé alors même que ce projet parental doit recourir à la procréation médicalisée, régie par des lois qui en font aussi une affaire publique... Quant aux penseurs et autorités morales, ils y perdent l'essentiel de leur latin: exit le fameux «Mater semper certa». Car à côté de cette configuration, encore exceptionnelle quantitativement, se campent toutes les maternités assistées dans le cadre normatif de l'hétérosexualité. Alors que l'ADN identifie le géniteur, gommant le non moins célèbre «pater semper incertus», la figure de la mère devient floue et multiple; l'accouchement acquiert de ce fait un nouveau statut: il désigne la mère. Mais aucune définition ne rend compte des variations d'un seul motif: la maternité que ce livre s'attache à repenser, comme le désirait Yvonne Knibiehler qui a sollicité l'avis de chercheurs et praticiens.

Cette juxtaposition de lectures perturbe toute conviction, tant la pertinence d'une analyse est contredite par celle de l'article suivant: de la fin de l'immuabilité du biologique à l'affirmation «des dangers que recèle la négation de la différence biologique» (Dhavernas-Levy), de la permanence de l'enfantement comme discrimina