Qui se dissimule sous la cagoule de Fantômas? C'est le mystère qui rôde dans Faire le mort. Passionné de littérature populaire et Lupinologue distingué, Didier Blonde a construit son roman autour d'un regard jeté par Fantômas dans un des films de Louis Feuillade. Ce n'était pas les yeux de René Navarre, acteur culte de la série.
L'enquête est menée par le nègre d'une maison d'édition spécialisée dans la fausse autobiographie d'acteurs. Débarqué à la suite d'une faute professionnelle, il est à la recherche d'un sujet, d'une raison de vivre et d'une vie de plus à hanter. Il se lance sur les traces d'une doublure possible de «l'homme aux mille visages». Il compulse les vieux Mon Ciné et Cinémagazine, démêle les pseudonymes, tente de lire sur leurs lèvres ce que les acteurs du muet se disaient pendant les prises. Emerge alors d'un monde halluciné, celui du cinéma de l'époque de Gaumont et Pathé, la silhouette de Sudor qui figura dans les Vampires, Judex et joua aussi avec Léonce Perret ou Henri Fescourt.
Faire le mort baigne dans l'atmosphère de ce que Baudelaire a nommé après Edgar Poe «l'Ange du Bizarre». C'est une enquête pleine «de doubles fonds, de panneaux coulissants, de miroirs pivotants» qui conduit le narrateur à Louis Manékine, dont la carrière n'a pas survécu au parlant et qui vit reclus dans un modeste appartement à quelques centaines de mètres de l'hôtel particulier de ses années folles. Acteur-vedette de Louis Feuillade, Marcel Lherbier et Jean Epstein, Louis Manéki