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Libération
Critique

Maspero, gardien de phare.

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Le vif du sujet avec François Maspero», par Laurence Bloch, France Culture, le mardi de 15 h à 17 h 25.
publié le 26 juin 2001 à 1h21

François Maspero a reçu Laurence Bloch chez lui, dans sa maison familiale, achetée par son grand-père égyptologue, en pleine vallée de Chevreuse, là où le coq ne chante plus depuis longtemps. Il y vécut enfant avec ses parents. Il revoit son père, résistant, sinologue, à la fenêtre de son bureau, quelques jours avant qu'il ne soit arrêté par la Gestapo. Cet éditeur mythique, dont la librairie était le lieu de rendez-vous de tous les fauchés-faucheurs et des «révolutionnaires de Mai 68» et d'après, a dû fermer boutique en 1982. A 50 ans, sans le sou, il écrit son premier livre, réalise des émissions pour France Culture et traduit les bouquins des autres.

François Maspero possède une voix encore étonnamment jeune et posée lorsqu'il revient sur les raisons qui l'ont poussé, à 26 ans, en pleine guerre d'Algérie, à devenir éditeur. Engagé. «Mon pays était dans la position de l'oppresseur, telle que je l'avais connue avec l'oppression allemande, et il me semblait qu'il y avait une nécessité de s'engager pour au moins donner la parole à ces gens d'en face qu'on traitait uniquement d'assassins.» Laurence Bloch construit là une émission intimiste, remarquablement montée, qu'elle accompagne de témoignages de ceux et celles avec lesquels Maspero s'est découvert des affinités électives: le photographe Klavdij Sluban, avec qui il partage la marche et le silence, Janette Habel, qui se souvient de l'épisode cubain dans les années 60 avec Fidel Castro et le Che, des journalistes, comme Sadek