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Libération

En attendant la Troisième Guerre mondiale

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Du protestantisme au catholicisme, de Paris à Villiers-le-Bel, les parcours d'une Suédoise de ÷land.
publié le 28 juin 2001 à 1h23

Birgitta Trotzig est une femme lente, le temps lui a appris la lenteur, la lenteur et rien d'autre pas même à avoir moins peur de la mort, comme si cette peur était la seule certitude d'être vivant. Elle marche lentement, parle lentement, cherche ses mots, elle a passé une vie entière à chercher des mots, à les trouver, à les fourbir et les exposer aux yeux du monde, ça demande réflexion. Elle est belle, de longs cheveux cendrés, des yeux clairs et vifs, toute la vitesse du monde est dans ses yeux. Elle rit d'être devenue une femme si sérieuse, elle est membre de l'Académie royale de Suède, elle est de ces quinze académiciens (ils sont 18, mais il y en a trois de fâchés) qui donnent chaque année beaucoup d'argent et de renommée à un écrivain souvent désargenté et inconnu, elle tient ce rôle avec un joyeux sens du devoir.

Elle est née à Göteborg en 1929, elle vit six mois d'été sur la grande île d' ÷land, six mois d'hiver à Lund et le reste de l'année en voyage. Elle sait que l'on dit qu'elle «descend d'une lignée ininterrompue de pasteurs protestants». Elle l'interrompt en se convertissant au catholicisme pendant son long séjour en France et précise: «Mes parents étaient professeurs de lycée, je raconte cette ambiance dans la fille du Roi Crapaud, mon grand-père paternel était instituteur et paysan, en ces temps, il fallait faire les deux. Du côté de ma mère, mon grand-père était médecin psychiatre, il pratiquait l'hypnose, c'est lui le fils de théologien. En Suède nous avons