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Libération
Critique

Quartier latino.

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De Larbaud à Rinaldi et de 1920 à nos jours, la riche prospection sud-américaine des écrivains de «la Nouvelle Revue Française».
publié le 28 juin 2001 à 1h23

Dans les années vingt, la Nouvelle Revue Française (NRF) est le laboratoire d'une littérature dont Gallimard est le temple. Une poignée d'hommes y découvre et y fait fermenter les talents. Parmi eux, le cosmopolite Valéry Larbaud. L'écrivain connaît plusieurs langues de l'intérieur et rêve à saute-continents. L'Amérique latine l'attire: des littératures neuves y naissent. Il apporte à la NRF des textes; il écrit des chroniques; il explore. Etiemble, Jean Prevost, Roger Caillois, André Pieyre de Mandiargues, poursuivront cette oeuvre de prospection sud-américaine selon des itinéraires capricieux, souvent amoureux. L'anthologie effectuée par Gallimard exhume certains de ces textes, soit d'auteurs sud-américains, soit sur eux, qui furent publiés dans la revue pendant quatre-vingt ans: c'est un mausolée de l'aventure collective menée par quelques individus. Elle doit sans doute beaucoup au tropisme latino-américain de l'actuel directeur de la revue, Michel Braudeau.

Les choix de ses prédécesseurs ne reflètent pas toute la littérature sud-américaine, mais ils sont rarement mauvais: Jorge Luis Borges, Octavio Paz, Julio Cortazar, Alfonso Reyes s'y taillent la part du lion. Ce n'est pas un hasard: leur culture latino-américaine est profondément européenne. La NRF a été la plaque sensible d'un échange culturel par miroirs interposés: les écrivains latino-américains se pensaient beaucoup, jusque dans les années soixante-dix, en regardant la France et l'image qu'elle se faisait d'eux.