Président d'honneur du Salon du Sud, de Villeneuve-sur-Lot, consacré cette année aux littératures de l'Inde, Amitav Ghosh (le Chromosome de Calcutta, Seuil, 1998), était accompagné d'une dizaine d'auteurs. Parmi eux, l'écrivain hindiphone Nirmal Verma (Un bonheur en lambeaux, Actes Sud, 2000).
Dans The Vintage Book of Indian Writing (1947-1997), l'anthologie que Salman Rushdie a publiée en 1997 avec Elizabeth West, figure une trentaine d'auteurs, mais aucun non-anglophone. Comment l'expliquez-vous?
N.V. Aucun, à part l'écrivain ourdou Saadat Hassan Manto. C'est son choix. Les traductions existent pourtant et Salman Rushdie les a sûrement lues. Seulement il a estimé que les écrits en langues vernaculaires n'étaient pas assez bons.
A.G. Cela relève d'une arrogance insensée. Il ne sait rien des langues qui sont parlées en Inde: comment pourrait-il établir une telle sélection? Faire une anthologie signifie définir un certain canon. Je trouve ça ennuyeux.
Comment se fait-il qu'un demi-siècle après l'indépendance, les auteurs indiens, surtout les jeunes, font le choix de l'anglais: Vikram Seth, Arundhati Roy, Jhumpa Lahiri, vous-même Amitav Ghosh? Est-ce le désir d'être lu plus universellement qui vous motive?
A.G. Nullement. Je suis peut-être d'expression anglaise, et vis actuellement à New York. Mais je suis un auteur indien à part entière parce que j'y suis né, j'y ai vécu et c'est là que sont mes racines. De toutes façons, l'indianité est quelque chose d'intime, on n'a pas besoin d