Si les historiens allemands ont, dès la chute du Mur, entrepris d'analyser le passé de la RDA, celui-ci reste mal connu à l'ouest du Rhin. Sandrine Kott répare une lacune en étudiant les entreprises coeur d'un pays affichant volontiers sa vocation industrielle et son identité socialiste. Quitte à briser quelques préjugés.
A commencer par le contrôle total que le Parti communiste exercerait sur le monde des salariés. Le Parti communiste, impopulaire, ne peut obtenir qu'une allégeance formelle à ses mots d'ordre. Certes, il s'appuie sur les entreprises pour infuser, dans l'ensemble de la société est-allemande, les valeurs socialistes et ouvrières. Les firmes sont par exemple invitées à encadrer les quartiers, en proposant, sous des formes variées, leur patronage à des écoles, des théâtres, voire des unités de police. Elles nouent également des contacts avec l'équivalent est-allemand des kolkhozes et s'efforcent d'offrir en leur sein des services allant de la crèche à la vente de vêtements. Par-delà son rôle économique, l'entreprise représente donc une institution sociale et politique qui, par sa dimension collective, vise à intégrer les individus. Cette ambition, pourtant, bute sur l'épreuve des faits. Les salariés se dérobent, en passant en RFA la fuite ne posant aucun problème jusqu'à la création du Mur en 1961, en négociant par la suite la contrainte.
Les fêtes qu'organise le régime sont surtout prétexte à de joyeuses libations. L'adhésion aux organisations communistes re