Menu
Libération
Critique

RDA: la fuite dans les idées.

Article réservé aux abonnés
Avoir la haute main sur les entreprises a-t-il suffi au PC est-allemand pour contrôler une population tentée par la RFA?
publié le 5 juillet 2001 à 23h59

Si les historiens allemands ont, dès la chute du Mur, entrepris d'analyser le passé de la RDA, celui-ci reste mal connu à l'ouest du Rhin. Sandrine Kott répare une lacune en étudiant les entreprises ­ coeur d'un pays affichant volontiers sa vocation industrielle et son identité socialiste. Quitte à briser quelques préjugés.

A commencer par le contrôle total que le Parti communiste exercerait sur le monde des salariés. Le Parti communiste, impopulaire, ne peut obtenir qu'une allégeance formelle à ses mots d'ordre. Certes, il s'appuie sur les entreprises pour infuser, dans l'ensemble de la société est-allemande, les valeurs socialistes et ouvrières. Les firmes sont par exemple invitées à encadrer les quartiers, en proposant, sous des formes variées, leur patronage à des écoles, des théâtres, voire des unités de police. Elles nouent également des contacts avec l'équivalent est-allemand des kolkhozes et s'efforcent d'offrir en leur sein des services allant de la crèche à la vente de vêtements. Par-delà son rôle économique, l'entreprise représente donc une institution sociale et politique qui, par sa dimension collective, vise à intégrer les individus. Cette ambition, pourtant, bute sur l'épreuve des faits. Les salariés se dérobent, en passant en RFA ­ la fuite ne posant aucun problème jusqu'à la création du Mur en 1961, en négociant par la suite la contrainte.

Les fêtes qu'organise le régime sont surtout prétexte à de joyeuses libations. L'adhésion aux organisations communistes re