«Voir Blavier», cette mention est familière à tous les amateurs de catalogues de livres anciens. Elle renvoie le lecteur à la monumentale bibliographie qu'André Blavier avait publiée en 1982: les Fous littéraires. Aussi la nouvelle édition de ce livre culte était-elle attendue. Chercheur exemplaire, expert en annexes, notes et autres addenda, André Blavier a «considérablement augmenté» sa réédition de nouvelles entrées. Face à cette somme superbement illustrée, on est bien loin de l'austérité qui accompagne le genre bibliographique. C'est à la fois un essai et une anthologie dont le ton et l'écriture doivent beaucoup à un écrivain qui fut l'un des plus beaux fleurons de la Wallonie littéraire et qui est décédé au début de l'été.
Bibliothécaire à Verviers (Belgique), André Blavier a commencé à s'intéresser aux fous littéraires dès l'âge de 21 ans. Simultanément, il découvre les romans de Queneau: notamment les Enfants du Limon (1938) dont le héros, Chambernac, entreprend une Encyclopédie des sciences inexactes. La coïncidence est de taille et marque le début d'une passion pour l'oeuvre de Queneau, dont Blavier dira plus tard qu'elle fut pour lui une alternative à la mort volontaire. En août 1949, il débute avec l'auteur du Chiendent une longue correspondance (Lettres croisées, 1949-1976, Editions Labor, 1988), puis, en 1952, entre au Collège de 'Pataphysique où il assumera les plus hautes fonctions. La même année, il cofonde, avec Jeanne Graverol, la revue Temps mêlés, où il d