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Libération
Critique

Féerie pour une autre foi

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Des apôtres relookés, un messie amazonien, un reptile plutôt qu'une croix: Bordage jette les bases d'un tout nouveau Testament.
publié le 23 août 2001 à 0h28

Ils sont quatre: Mathias, Marc, Lucie et Yann. Il y a le tueur à gages, le journaliste cynique, la strip-teaseuse via le Net et le premier disciple plein de dévouement et de doutes. Quatre comme Matthieu, Marc, Luc et Jean, les évangélistes du Nouveau Testament que Pierre Bordage entreprend de dépoussiérer deux mille ans après. Ils ne se connaissent pas. On suit chaque trajectoire à tour de rôle, racontée par leur prisme et leur vocabulaire: Mathias 1, Marc 1,... puis Mathias 2, Marc 2, etc. Où vont-ils donc, dans leur calvaire si quotidien? Leur existence ressemble à une parabole. Mathias, le monstre froid au visage d'ange («Pas d'alcool, pas de cigarette, pas de femme, pas de fille. Même pas pédé»), connaîtra l'amour; Marc, le reporter quinquagénaire sans scrupules de l'hebdomadaire soi-disant indépendant EDV, arrêtera de «participer à la curée» pour se racheter une bonne conduite... Lucie, la Marie-Madeleine moderne, va aller jusqu'au bout de l'enfer, vivre la trahison et le viol, avant de connaître la rédemption, et même la résurrection. Car, logiquement, le lien entre ces quatre personnages est un messie.

Le petit Jésus de Bordage se prénomme Vaï Ka'i. C'est un Indien d'Amazonie, réchappé d'un massacre grâce à un missionnaire français et élevé au fin fond de la Lozère. Son signe est le serpent double, qui symbolise la double hélice d'ADN. D'où le titre du livre, qui réhabilite du même coup l'animal maudit et tentateur de la Bible. Le discours du «maître-esprit» prône l'é