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Libération
Critique

Le guide du biroutard

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Pléthore de formes rebondies dans «Plateforme» où Michel Houellebecq invite ses lecteurs au tourisme sexuel.
publié le 23 août 2001 à 0h28

Michel Houellebecq écrit des livres, ce sont parfois des romans, rarement des disques. Il a le sens de la carrière, laisse entendre qu'il est poète, comprend assez vite que réussir en littérature consiste à être plus connu que ses livres, trouve pour la télévision un rôle disponible à sa mesure, celui du hamster narquois et désabusé, fume de fines cigarettes qu'il tient entre le majeur et l'annulaire, répond à toutes les questions, souvent par des silences, travaille une voix parlée monocorde et monotone avec laquelle il croit qu'il chante, il regarde ailleurs, droit dans les yeux de quelqu'un d'autre. Son premier roman, Extension du domaine de la lutte, publié chez Maurice Nadeau en 1994, légitime son écriture, il a le sens du titre, puis Flammarion lui apprend à vendre des livres, des livres plutôt meilleurs que ceux que l'on achète habituellement: chacun d'eux s'inscrit dans une querelle d'école qui divise le monde de la littérature entre anciens et modernes, les Particules élémentaires en 1998 l'opposent jusque devant les tribunaux à la direction d'un camping de province et celui-ci, Plateforme, promet une polémique retentissante avec le Guide du Routard. Que les gérants de station-service et les éditeurs d'annuaires téléphoniques se tiennent à carreau, on sait choisir ses adversaires. On ne comprend pas bien pourquoi il a tant de succès, on a le vague sentiment qu'il le mérite, des écrivains meilleurs que lui le portent aux nues, pour se venger. Michel Houellebecq est u